« Plus de terres à cultiver pour l’Écopôle alimentaire
Ce n’est pas encore fait, mais c’est en bonne voie ! La surface disponible au maraîchage pour l’Écopole alimentaire va passer prochainement de 3,9 à 12 hectares. La rançon du succès pour cette initiative pas comme les autres qui veut promouvoir l’alimentation durable.
Ce n’est pour l’heure qu’une vaste prairie, derrière les champs où poussent choux, carottes ou salades. Mais bientôt, ces terrains de plus de 8 hectares seront mis à la disposition des Anges Gardins et de Terre d’Opale, les deux structures qui font vivre l’Écopôle alimentaire de la région d’Audruicq. La première pour le maraîchage et le conditionnement, la seconde pour la distribution. Il ne reste plus qu’à attendre que la SAFER finalise le transfert de propriété à la communauté de communes de la région d’Audruicq, partenaire de la première heure de l’Écopôle. Ce qui devrait être fait cet hiver.
Dominique Hays, directeur de projet, s’y voit déjà : « Notre région manque de fruits, on lancerait bien du fruit. » Il faudra toutefois patienter car les terres en question viennent de l’agriculture conventionnelle. « Il faut trois ans pour la conversion en biologique et deux ans pour la commercialisation », précise le directeur. « L’idée est d’assurer le fonctionnement de notre légumerie, notre atelier de transformation qui fait des conserves, des légumes sous vide, des soupes… Pour qu’elle tourne bien, il nous faut produire plus sur place. Nous voudrions aussi installer des gens, en particulier en parcours d’insertion, qui souhaiteraient se lancer dans la culture maraîchère. » Dominique Hays en a déjà repéré.
En attendant, les fruits sont produits ailleurs. Sur le site, on ne cultive pour l’heure que des légumes. Les cultures, c’est ce que préfère Amélie, Calaisienne de 24 ans, qui fait partie des quelque 35 employés à temps partiel en insertion : « On respire bien ici ! Ce qui me plaît le plus, c’est les champs : les plantations, la récolte, le désherbage ». Amélie compose aussi les paniers – 350 par semaine à 9, 12, 16 ou 50 € distribués dans 80 points relais du Nord – Pas-de-Calais. Parmi eux, une cinquantaine de paniers solidaires à 9 € vendus 3 € aux bénéficiaires du RSA : « Ils ont souvent une alimentation déséquilibrée. Or nous voulons que tous soient invités au festin », insiste Dominique Hays.
L’Écopôle, c’est aussi un restaurant de 34 couverts, La Table de Cocagne, qui propose du lundi au jeudi une entrée, un plat et un dessert pour 10 €. Vous préférez cuisiner vous-même ? Outre les paniers bio, le site propose un distributeur de légumes bio sur l’aire de covoiturage de l’autre côté de la départementale, une épicerie en ligne et – c’est nouveau – un marché bio, local et solidaire tous les jeudis de 16 h à 18 h.
Un PTCE, ça veut dire quoi?
L’économie marchande a ses pôles de compétitivité, l’économie sociale et solidaire a ses PTCE, comprenez pôle territorial de coopération économique. L’Écopôle alimentaire en est un. Inscrit dans la loi Hamon, il s’agit d’un groupement d’acteurs comprenant entreprises (les exploitations des agriculteurs partenaires) et acteurs de l’économie sociale et solidaire (ici les Anges Gardins) associées à des PME et des collectivités locales (ici la communauté de communes de la région d’Audruicq), centres de recherches et organismes de formation.
Ce groupement met en œuvre une stratégie commune de coopération territoriale et de mutualisation au service de projets économiques innovants de développement local durable. Dans le cas de l’Écopôle, il s’agit de faire produire, transformer et distribuer des produits bio par des personnes en insertion pouvant rester jusqu’à deux ans, selon le leitmotiv « Vous avez besoin de légumes, ils ont besoin de travail, cultivons la solidarité ! »
Fidèle à l’histoire agricole de cette terre de polders, l’Écopôle a fait des petits, puisqu’une microferme de Gohelle a vu le jour dans le bassin minier, et attire souvent des personnes venant parfois de loin voir ce qui se pratique ici. L’Écopôle fait partie du Réseau Cocagne, qui regroupe les 130 jardins de Cocagne de France (dont 6 en Nord-Pas-de-Calais), qui allient distribution en circuit court à des clients (les « mangeurs », comme les appelle Dominique Hays), insertion par le travail pour des personnes en grande précarité, et cahier des charges de l’agriculture biologique.
Faire de tous des ambassadeurs de l’alimentation durable
Fruit d’une réflexion globale sur les coûts et les limites de notre système agricole, l’Écopôle alimentaire croit en l’alimentation durable. Des produits sains, de qualité et de proximité. Mais l’alimentation durable, ça s’apprend. C’est pourquoi sur l’Écopole, on peut trouver des livres au nom évocateur : Manuel de cuisine pour tous, Manuel pour bien manger sans gaspiller, qui délivrent une foule de conseils et de techniques pour qui voudrait s’y mettre. La transmission passe aussi par des formations en deux sessions d’ambassadeurs de l’alimentation durable : « La deuxième session a lieu début novembre, mais nous en organisons deux fois par an. » Ces ambassadeurs transmettent à leur tour ce qu’ils ont appris à leur public : centre social, centre de loisirs… « Aujourd’hui, nous en avons formé 300 ». Pourquoi pas vous ? »